Au crépuscule des mots...

Au crépuscule des mots...

mercredi 9 septembre 2015

Portrait d'un homme sans existence...

 Strangulation de Mathieu Larnaudie.


 Dans le Paris du début du XXe siècle, alors que la littérature est en pleine ébullition après la déferlante symboliste et décadente, un jeune homme essaye tant bien que mal de survivre à son ennui. En poste de fonctionnaire à la préfecture de la Seine, Jean essaye de trouver un sens à son existence, accablé par une mélancolie qui n'est pas sans rappeler l'exaspérante et désespérée solitude de Des Esseintes, héros décadent par excellence que Huysmans fera naître sous une plume baroque et profondément ouvragée. 
Et pour cause, ce roman de la rentrée littéraire (en poche) se construit comme un hommage à la littérature fin-de-siècle, servi par une imagerie symboliste où les fantômes de Charles Baudelaire et de Rémy de Gourmont ne sont jamais très loin. Mathieu Larnaudie, avec «Strangulation» dresse le portrait romancé d'un poète et écrivain bordelais malheureusement, et injustement, mal connu, à savoir Jean de La Ville de Mirmont.

Partant des points forts de sa biographie officielle, Mathieu Larnaudie réécrit l'existence de ce jeune homme désoeuvré à la lumière des dernières lueurs du décadentisme, sous une plume très ornée (trop ornée!). En effet, le problème se situe ici, dans cet étalage trop baroque et sans charme de la langue qui vient obstruer et saturer le récit. On distingue sans doute ici une volonté de l'auteur de coller aux virevoltes stylistiques et langagières des écrivains fin-de-siècle (doués pour la surenchère verbale), mais ça tombe à plat, sans grande originalité, versant parfois dans le pastiche, qui semble malheureusement involontaire.

Cela étant, ce roman est un vrai plaisir de lecture, et permettra de découvrir ou redécouvrir l'oeuvre de Jean de La Ville de Mirmont.

Jean de La Ville de Mirmont. (1886-1914), mort au combat durant la première guerre.

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